This Dark Days. pv Liberty

Juste le temps de mettre dans sa bouche un chewing-gum, et il sortait de son appartement. Les yeux fixés sur la montre qu'il avait toujours accrochée au poignet du bras droit, le jeune homme marchait lentement, ne sachant pas vraiment s'il était en retard, ou au contraire, en avance. A vrai dire, l'heure du rendez-vous lui était complètement sortie de l'esprit, et bien que cette histoire l'eut tracassé toute la nuit, le jeune homme n'avait pas eu la présence d'esprit de téléphoner pour faire taire ses doutes. De toute façon, ce n'était pas la première fois qu'il allait chez elle, celà faisait plusieurs semaines, même plusieurs mois peut-être qu'il donnait des cours de guitare à cette fille, et si ses souvenirs étaient bons, c'était toujours aux environs de quinze heure trente. Les aiguilles de sa montre indiquaient quinze heure seulement, mais les trentes minutes étaient-elles réellement importantes ? A vrai dire, le temps de faire le chemin qui séparait son domicile à celui de Liberty était assez long pour que le jeune homme mette bien au moins dix minutes à le parcourir, il serait de toute manière en avance, quoi qu'il fasse. Guitare sur l'épaule, il attirait le regard de quelques passants, sans pourtant devenir une bête curieuse, rien chez lui n'aspirait à la moquerie, mis à part peut-être ces quelques trous dans son jeans, mais il paraissait que c'était la mode aujourd'hui, alors il ne s'en souciait pas vraiment. Ces détails lui passaient souvent bien au dessus de la tête. Après ces quelques minutes de marches, qu'il avait presque prit l'habitude d'effectuées tous les samedi à la même heure, il cru enfin reconnaitre la maison de la jolie blonde, à quelques mètres encore devant lui. Sans s'en rendre compte, sans doute étais-ce son subconscient, Axel se mit à accélérer, si bien qu'il fut rapidement sur le palier. Hésitant un instant, il fit mine de fouiller dans ses poches pour s'assurer qu'il n'avait pas perdu son briquet en route, car ceci aurait finit de l'achever, mais heureusement, le petit objet peint en noir et rouge était toujours à la même place. Puis, après un bref soupire, le jeune homme tendit son index vers le petit bouton placé juste à coté d'une étiquette portant deux ou trois noms de famille, il ne fit pas réellement attention, et enfin, une sonnerie résonna derrière la porte. Patient, Axel mit ses mains dans ses poches, prenant une position que seul lui ne rendait pas ridicule. Il voyait clairement une ombre se mouvoir derrière les vitres teintées de l'entrée, et gêné, il passa l'une de ses mains derrière sa nuque. Pourquoi stressait-il autant, déjà ?

H.j : Toutes mes excuses, c'est un peu court, je ferais mieux au prochain.

Toute la matinée Liberty avait roulé sans s'arrêter, son but premier étant juste de gaspiller de l'essence pour faire enrager son fiancé. Elle était comme ça, chiante jusqu'au bout. Une fois rentrée chez elle, elle s'empressa de faire un gâteau au chocolat, sachant que son invité arriverait d'ici une heure. C'est vrai, Liberty n'était pas le genre de femme à être douée en cuisine, elle n'était bonne qu'à faire chauffer l'eau des pâtes et à faire cuire des steaks. Comme toute femme nulle en cuisine, elle se mit du chocolat partout ; elle s'empressa donc de troquer son débardeur noir contre un petit pull gris clair venant compléter sa tenue jean converses. A peine avait-elle eu le temps de s'enfiler une barre de céréales que ça sonnait déjà à la porte, et c'était bien connu, la blondinette détestait faire attendre les gens. C'est vrai quoi, quand vous allez chez quelqu'un ce n'est quand même pas agréable d'attendre dans le froid, je me trompe ? Non. Cela faisait déjà deux mois qu'elle apprenait à jouer de la guitare, l'instrument qui la faisait tant rêver étant plus jeune. Sa meilleure amie, bien que très douée, n'avait jamais prit le temps de le lui apprendre vraiment, c'est pourquoi elle faisait aujourd'hui appel à Axel. Juste pour avoir un peu de compagnie le samedi. Ridicule, complètement pathétique, surtout qu'elle adorait être seule, même qu'elle recherchait la solitude. Ces derniers temps, elle avait besoin de s'échapper, sortir de son cocon, penser à autre chose que sa petite vie bien réglée. Non pas que ça ne lui plaisait pas d'avoir une vie stable, et puis avec son entourage, le grain de folie n'était jamais loin. Mais en ce moment, elle avait besoin de se retrouver. Son boulot lui prenait du temps, trop de temps. Et Liberty était une jeune femme entière, qui s'investissait énormément dans ses relations amicales et amoureuses, ce qui lui prenait du temps aussi, finalement.

La jeune femme attira son professeur dans la cuisine, récemment repeinte. Attrapant un bout de gâteau à l'aide d'une petite cuillère, elle le lui enfourna dans la bouche sans même prendre le temps de lui demander son avis.

« Tu aimes ? »

C'est là qu'elle aperçu le chewing-gum rose mélangé au chocolat. Dans une grimace puérile, elle s'exclama.

« Oh désolée, tu avais déjà un ... euh, truc. Pardon. »

Le rictus dessiné sur son visage se transforma bientôt en un joli sourire angélique. Qu'il était adorable avec sa petite moue boudeuse et ses grands yeux bleus, il ressemblait vraiment à un gosse à la veille de Noël. C'était probablement ce qu'il la faisait autant craquer d'ailleurs.

Après avoir pris un morceau, Liberty entraîna Axel et sa guitare dans le salon. Tout en mâchouillant l'infâme texture, elle ajouta.

« Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui, Monsieur Buchannan ? »

Elle ne put s'empêcher de le regarder intensément dans les yeux tout en finissant de mâcher. Pourquoi cette attirance soudaine pour un homme qu'elle connaissait à peine ? Allez savoir, la blondinette était comme ça. Toujours à regarder le menu, même si elle était au régime depuis quatre ou cinq ans. Et on ne peut pas dire qu'Aidan se privait lui non plus. Voici le secret pour préserver son couple : jamais tromper, mais toujours regarder. Ne pas se priver, en fait.
Son regard se posa sur l'instrument en acajou. De belles cordes pincées, un corps vernis ... Elle aurait adoré que Vitanie lui apprenne à jouer, elle aurait adoré l'accompagner ces soirées où la lune était pleine et le ciel d'un bleu profond. Elle aurait juste aimé partager cela avec celle qu'elle considérait comme la plus belle personne au monde.

A peine la porte avait-elle était ouverte que le jeune homme avait été littéralement attiré à l'intérieur de la maison, plus précisément, de la cuisine. Liberty avait ses humeur, parfois distante et presque timide, et d'autre fois, entreprenante, et délurée. Et Axel se laissait entrainer au gré de ses envies. Il n'eut le temps que de noter que les anciennes couleurs des murs de la cuisine avaient disparues pour laisser place à de nouvelle, bien plus jolies, que déjà, un morceau de gâteau était enfourné dans sa bouche sans qu'il n'ait son mot à dire.

Le mélange avec son chewing-gum n'était pas le meilleur qu'il avait eu l'occasion de gouter, mais même au travers, il eut le désagréable sentiment que cette pâtisserie avait un arôme infame. Mais puisqu'elle demandait son avis, il s'apprêtait à rester un être poli en toute circonstance et donc, faire un sourire et hocher la tête en signe d'appréciation. Mais elle sembla remarquer que le jeune homme avait déjà une sucrerie dans la bouche avant d'avoir reçu le gâteau, elle se mit rapidement à bredouiller des excuses, et le jeune homme sourit.

« C'est... c'est plutôt bon, vraiment. Même si je te l'avoue, le mélange était pas génial. »

Toujours légèrement souriant, ses yeux parcoururent rapidement la pièce, avant que Liberty ne l'entraine dans le salon, qui lui, n'avait pas changé. C'était dans cette pièce que d'ordinaire ils pratiquaient le cours. La jeune fille grignottait encore un morceau de la nourriture que de toute évidence elle avait du confectionner elle-même, alors qu'elle demandait en quoi consistait le programme du jours. Elle savait très bien qu'Axel ne préparait jamais les séances à l'avance, mais lui demandait au contraire toujours son avis à elle, avant de faire quelque chose, elle choisissait toujours les chansons qu'il lui apprenait à jouer, parce qu'il préférait qu'elle sache jouer des morceaux qu'elle appréciait. Le jeune homme se passa une main dans la nuque comme il le faisait souvent, et sortit sa guitare sèche de son étuit, lentement, délicatement, précotionneusement. Il tourna son visage vers Liberty et se rendit compte qu'elle le regardait, sans doute déjà depuis un bon moment, sentant le rouge lui monter aux joues, il détourna rapidement le visage, et le réorienta vers son instrument. Il se calla confortablement entre les coussins du canapé, et saisit la guitare tout en jouant quelques notes pour s'assurer qu'elle fonctionnait toujours aussi bien, qu'elle n'était pas désacordée. Heureusement, son son était toujours aussi joli, et même si le jeune homme ne se trouvait pas réellement doué, il fut heureux de constater qu'il n'aurait aucun problème à faire son cours.

« Disons que, comme d'habitude, tu vas me dire ce que tu veux que je t'apprenne à jouer... »

Dit-il en souriant.

» REAGAN, Liberty • I feel your daylight fade.