Sweet moment ... [R. Aidan]

Un camion de glaces parcourait Streatham depuis le début de l'après-midi, à la plus grande joie des enfants du quartier. Comme tous les bambins dès qu'il s'agissait de friandises 100% sucrées, ils ne pouvaient s'empêcher de se ruer vers le camion ; quelques-uns poussaient dans le but d'être servi en premier, d'autres attendaient sagement sur le côté, espérant que le stock de glaces à la fraise ne serait pas dévalisé par les plus gourmands lorsque viendra leur tour. Liberty assistait à la scène, amusée, bien cachée derrière la vitre du café où elle se trouvait depuis plusieurs minutes. Elle avait l'impression de revenir en arrière, comme si elle avait vécu les mêmes instants quinze ans auparavant.

FLASHBACK

Une fillette aux grands yeux plein de malice, riant aux éclats, était assise sur la balançoire de l'Hemingway Park, à présent très abîmée par le temps, et une petite tête blonde poussait de toutes ses forces sur la planche de bois déjà usée.

« Pousses plus fort ! »

« Je fais ce que je peux, Liby. »

« Allez, allez, pousses ! »

« Toi, pousse-toi, c'est mon tour. »

« Han, regardes Aidan ! »

Le petit garçon alors âgé de sept ans s'empressa d'atteindre le camion de glaces garé pas très loin pour en y acheter deux : une à la vanille et une au chocolat, comme d'habitude. Aidan et Liberty se connaissaient depuis toujours, leurs pères étant d'excellents amis. Jouer au bac à sable, faire de la balançoire, manger des cochonneries pas bonnes pour la santé, s'amuser et se pousser, voilà à quoi se résumait leur quotidien depuis tout petits.

FIN DU FLASHBACK

« Je me fais reluquer par une belle brune, et toi, tu dis rien. Hallucinant ... T'es malade ma Liby ? »

La jeune femme sortie de ses pensées malgré elle. Aidan se tenait en face d'elle, penché sur sa tasse de café encore trop chaude. Il n'avait pas tellement changé durant toutes ses années : les mêmes traits fins, les mêmes yeux profonds, les mêmes lèvres charnues. Il avait seulement grandi et pris quelques années, mais il était toujours aussi beau. Elle sourit et captura sa main pour la poser dans la sienne.

« Je ne m'inquiète pas pour ça, je suis presque sûre que tu ne lui as accordé aucune attention, ai-je tord Dougherty ? »

Liberty n'était pas sûre d'elle ni sûre de son charme, mais elle avait étonnement confiance en celui qu'elle considérait désormais comme l'homme de sa vie. C'est vrai, vingt et un ans, c'est jeune pour dire une telle chose. Mais le couple étant toujours aussi lié et soudé au bout de cinq ans de relation environ, elle savait pertinemment qu'elle avait raison.

« Regardes ces enfants. »

Dit-elle avec un léger sourire sur les lèvres, les yeux pétillants.

« Ca ne te rappelles pas quelque chose ? »

Elle détourna le regard pour le poser de nouveau sur Aidan.

« Tu sais qu'on va se recevoir des chiures sur la tête ? »

« Tais toi, regarde juste.. »

« Aidan, je veux pas me payer la honte. »

« Mais tais toi un peu, ma Liby. »

« Tu me promets de me protéger ? »

« Bien sûr. »

Ce temps là, n'était pas si loin que ça. Ce temps où ils n'étaient qu'innocents, qu'ils connaissaient par cœur les noms des Teletubbies, et qu'ils chantaient à tue tête, le dernier tube d'un dessin animée. Où l'enfance était douce, les problèmes étrangers. Où le goût de la joie restait suspendu sur leurs lèvres.

L'enfance s'était passé, l'adolescence dans la foulée. Mais l'amour avait toujours été là. Il ne se rappelle plus quand a commencé leur histoire passionnée, à leur premier baiser, ou à leur premier regard alors qu'ils n'étaient que des bambins. C'était une histoire tellement belle, ponctué de moments joyeux, comme de quelques complications, qu'il n'aurait pas enlevé. Car tout ça, les avait rendu plus fort, en tant que couple, en tant qu'homme et femme. Tout ça, n'avait fait que leur ouvrir les yeux. L'un sans l'autre, n'était pas une équation possible.

Et chaque jour, il se levait, il pensait à elle. Chaque jour, il la voyait, ou lui téléphonait et passait des heures à parler pour ne rien dire. Juste lui montrer qu'il était là, à côté d'elle pour sûrement toujours. Qu'il irait jusqu'à habiter jusqu'au bout du monde, juste pour ses beaux yeux. C'était l'amour qu'il ressentait, pour cette jolie blonde, qui ravissait son cœur depuis cinq années.

« Mmh. Ca me rappelle lorsque tu me volais ma glace, et que tu disais que mon chien l'avait mangé. »

Il se mit à sourire, et croisa son regard. Il laissai flotter un instant un air de tendresse, d'innocence dans ses yeux et reposa son regard sur les enfants qui se disputaient. Il haussa un sourcil et se mordit la lèvre, serrant sa main dans la sienne.

« Et lorsque tu m'as frappé, car j'avais avalé le pot de glace de ta mère. J'en garde un très bon souvenir. Je ne me rappelle pas m'avoir vengé. »

Il lui fit un clin d'oeil doux, et tourna la cuillère dans son café. Il n'avait pas changé depuis l'enfance, ce côté espiègle ressortait souvent. Il n'avait pas changé, car elle avait toujours été là. Près de lui, pour n'importe quel événement.

Liberty avait prit cette habitude de toujours regarder par la fenêtre les jours de mauvais temps. Le problème c'est qu'à chaque fois, elle finissait par se perdre dans ses pensées et ne plus rien entendre, ne plus rien voir mis à part ce qui se passait derrière cette vitre. Oui, c'était en quelques sortes des absences, mais les gens qui la connaissait bien savait que ceci lui passait au bout de quelques minutes et qu'elle se reconcentrait vite sur quelque chose de plus intéressant. A cet instant, elle se disait que si elle avait eu son appareil photo, elle aurait sûrement photographier cette scène. La cadrage était parfait, les enfants ne bougeaient presque plus, la pluie cessait et le vent commençait à se calmer. Tout aurait été parfait. Elle détourna le regard de nouveau pour planter ses yeux noirs dans ceux d'Aidan.

« Ah oui, tu fais bien de m'y refaire penser à ce pot de crème glacée ... Tu m'en dois un, mon cher. Non, deux, puisque je compte les intérêts. Et un de plus puisque tu es adorable et que tu aimes me faire plaisir. »

Un sourire narquois se dessina sur le visage angélique de Liberty. Elle se moquait intérieurement pour cette phrase cent pour cent ironique puisque Aidan, bien qu'attentionné, n'était pas le genre de mec à rentrer à la maison avec un bouquet de roses rouges entre les mains. Soit, la jeune femme l'adorait comme ça. Et puis en même temps, ils n'avaient pas non plus de maison rien qu'à eux, ce qui compliquait légèrement les scènes romantiques avec des roses, du champagne et des huiles de massage. Mais tout de même, un peut d'imagination ne leur ferait pas de mal.

« Je t'aime, Aidan ... »

Et voilà que son regard s'était de nouveau posé sur les passants devant le café. La blondinette avait toujours eu du mal à exprimer ses sentiments, et avec lui c'était pire. Elle arrivait, sans gros efforts, à dire je t'aime, mais il lui était impossible de regarder la personne dans les yeux. Il lui faudrait une force surhumaine pour réussir à fixer quelqu'un. Et cet effort, elle n'était pas prête à le faire.

« Il faudrait qu'on parle. »

Déjà plusieurs jours étaient passés sans qu'elle ne puisse prononcer un mot à ce sujet. Malheureusement, il fallait bien que ça sorte un jour, elle ne pourrait pas garder cela pour elle éternellement. Et puis, Aidan était ... Aidan comprendrait.

FLASHBACK

« Plus tard, on aura des enfants ? »

« Mais je t'aime pas toi, pouaaah. D'abord tu sais même pas faire les enfants alors. »

« Si, je sais. Mieux que toi d'abord. »

« On fait comment ? »

« Un bisou et hop, neuf mois plus tard, la cigogne qu'arrive sur le bord de ta fenêtre. »

« Aidan, tu dis vraiment n'importe quoi. »

FIN DU FLASHBACK

Liberty lui lâcha la main délicatement et lui demanda dans un léger sourire :

« Tu ne veux pas rentrer à la maison ? »

Ils seraient certainement mieux dans la maison de la blondinette pour discuter. Puisqu'une longue et sérieuse conversation s'annoncait.

Elle avait l'air réellement pensive. Du genre à se couper du monde, à ne plus parler pendant un moment, à se rappeler certaines choses. Il la connaissait par cœur, et donc la décryptait sans grande difficulté. Si en plus, elle ajoutait qu'elle l'aimait, qu'elle devait lui parler et qu'il ferait mieux de rentrer à la maison pour ça, il commencait à s'inquiéter. La dernière fois qu'elle lui avait dit ça, le lendemain, une grosse crise entraînait la séparation momentané de leur couple. Oui, cinq années, mais quelque peu ponctué de pause.

Il aurait pu la regarder pendant des heures, sa main dans la sienne. Détailler encore et encore ses traits si familiers qu'il voyait souvent de très près, compter chaque pli que faisait sa bouche pulpeuse, et chaque boucle que ses cheveux ondulaient. Aidan était minutieux et quelque fois, cela se transformait en maniaquerie. Mais ça, seulement les gens qui le connaissaient vraiment bien, le savait et lui faisait remarquer.

Fronçant légèrement les sourcils à sa question, il hocha la tête en signe d'approbation. De toute façon, il n'avait pas le choix. Si elle comptait lui parler maintenant, il n'aurait fait que repousser l'échéance à plus tard. Et ca se serait peut être aggravé. Il se leva, et avec galanterie, alla payer leurs consommations. Laissant un sourire sympathique au vendeur, il alla mettre sa veste, pendant que Liberty regardait toujours par la fenêtre. Sa curiosité le piquait, et il prit sa main pour lui montrer qu'il était prêt à partir.

Le trajet fut court. Et surtout silencieux. A part Aidan qui chantonnait sur l'air de la radio, et Liberty qui se rongeait presque les ongles, les yeux rivés sur la route qui défilait, aucun bruit ne se laissait intercepter. L'ambiance était pourtant légère, et lorsqu'Aidan engagea sa Berline sur la place de parking en face de chez Liberty, il lâcha un petit « On y est » pour la sortir de ses pensées profondes. Même trop profondes.

Il lui ouvrit la porte, ayant la clé de chez elle. Tout le monde se demandait encore, pourquoi ils ne vivaient pas ensemble. En même temps, ça traduisait leur besoin d'espace et de liberté personnelle, sans pour autant délaisser l'autre. Aidan profita d'un moment de lâchement, pour intercepter sa belle au passage. Il déposa délicatement ses lèvres sur les siennes, comme s'il sentait que les prochains mots de sa belle, seraient plutôt sérieux. Il caressa sa joue, et descendit sa main pour prendre la sienne. Ainsi, ils dérivèrent vers le canapé. Aidan lui fit un léger câlin, et finit par la regarder dans les yeux. Il s'inquiétait.

« Qu'est ce qui se passe, alors ? »

Après avoir reçu l'approbation d'Aidan, la jeune femme se leva et se dirigea vers sa voiture tandis que son cher et tendre réglait leurs consommations. Son estomac se nouait au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient, comme lorsqu'elle était enfant et qu'elle devait avouer une bêtise à ses parents. Pourtant, cette fois si, ça n'avait rien à voir. La situation était plus grave, plus complexe, rien avoir avec une fredaine d'adolescente en crise. Le trajet jusque chez elle se fit dans le silence, un silence qui lui pesait particulièrement même s'il n'avait pas l'air de déranger, lui. Ses mains étaient moites, elle avait du mal à déglutir et le bas de ses reins commençait à la faire souffrir. Elle se demanda pourquoi. Aidan était compréhensif, il l'avait toujours écouté sans la juger, l'avait toujours épaulé. Alors il n'y avait pas de raison pour qu'il se fâche ou s'éloigne cette fois-ci. Parce qu'il y en avait eu des éloignements ... Plusieurs, plus ou moins longs. Mais le couple était toujours ressortit plus fort de ces petites ruptures, plus lié que jamais. Ils s'en sortiraient encore cette fois. Après quelques minutes de trajet dans un silence total, ils arrivèrent enfin. Liberty, dans ses pensées encore une fois, resta quelques secondes immobiles alors qu'Aidan la dévisageait.

« On y est. »

La blondinette croisa son regard très furtivement et sortit de la voiture. Elle sentait qu'il était inquiet et elle détestait rester silencieuse comme ça, mais elle n'y pouvait rien, c'était vraiment plus fort qu'elle. Surtout que la nouvelle qu'elle comptait lui annoncer risquait vraiment de tout chambouler, leurs quotidiens respectifs, leurs projets, leurs vies toutes entières et pour toujours ... Après s'être installés sur le canapé, elle se blottit contre lui, espérant que cette fois encore, l'odeur si familière qu'il dégageait la rassurerait. Mais ce ne fut pas franchement le cas.

« Je suis enceinte. »

Elle prononça ces trois mots sans même vraiment y penser, ils sortirent de sa bouche telle une bombe. Le premier réflexe qu'elle eut fut de baisser les yeux vers le sol, mais elle se sentait réellement ridicule ainsi. On aurait dit une petite fille de dix ans complètement effrayée à l'idée d'annoncer une mauvaise note à ses parents. Bizarrement, le poids qu'elle avait sur la conscience depuis deux semaines sembla s'être allégé ; ses mains jusque là agrippées à son jean se desserrèrent. Liberty osa enfin affronter son regard.

« Je sais pas comment cela a pu se produire ... Je suis désolée. »

Et voilà qu'elle s'excusait. Mais pourquoi le faisait-elle ? Aidan n'allait pas lui crier dessus en lui crachant des injures au visage. Il n'allait pas s'énerver jusqu'à en devenir tout rouge, il n'allait pas la détester ... Alors pourquoi réagissait-elle comme ça ? Comment se faisait-il qu'elle craigne autant sa réaction ?

Il était figé. Et ne savait que répondre. C'était une petite bombe, qui venait de lui exploser en pleine tête. Qui venait de pulvériser ses projets, mais qui comblait ses attentes. Un instant, il crut voir sur ses lèvres apparaître un sourire. Mais non, il préférait voir la réaction de sa petite amie. Elle ne semblait pas si ravie que ça. Un bébé, remettait en cause beaucoup de choses. Le couple, la stabilité et surtout l'accueil d'une autre personne. Un être qui pourrait les séparer sans le vouloir. Assurer financièrement, ce n'était pas difficile. Aidan était aisé, comme Liberty. Mais celle ci ne semblait pas si convaincue que ça, à garder l'enfant.

Et elle s'excusait, après avoir rougie. Il n'y croyait toujours pas, et restait les yeux dans le vide, fixant un objet sans intérêt. Elle ne le connaissait que trop bien. Il n'était pas le genre d'hommes à s'emporter, à crier pour n'importe quoi. Il était calme, plutôt réfléchi et arrivait toujours à surmonter les pires situations. En quelque sorte, il trouvait une solution à chaque problème, à chaque obstacle. Tout ce qu'il voulait dans cette histoire, c'était le bonheur de Liberty. Il n'était que trop peu égoïste, et s'intéressait plus aux autres que lui. C'était son plus grand défaut.

Dans cette histoire, ils étaient deux, enfin trois. Lui, et elle, qui dans le feu de l'action avaient totalement oubliés de se protéger, et de se rappeler que leurs ébats allaient créer un petit être, et le petit être, qui semblait grandir dans le ventre de Lib. Mais le seul problème, était de savoir si elle le voulait, ou pas. Aidan était prêt à tout entendre de sa part. Mais il espérait juste qu'elle concordait avec sa décision directe. Il le voulait.

Il n'allait pas le lui dire directement, car la décision venait de se faire, maintenant dans sa caboche d'homme à la veille de ses vingt cinq ans. Il n'allait pas la forcer à l'avoir, si elle ne voulait pas avoir d'enfants avec lui. Si elle ne voulait pas qu'ils forment une famille. Et là, Aidan se perdait dans les conclusions foireuses. Si elle venait à dire non, elle ne l'aimait pas assez. Et ca lui ferait mal de penser ça. Donc, il préférait fermer sa bouche et juste bégayer quelques paroles qui lui semblaient pas du tout libératrices.

« Tu n'es pas fautive..»

Déglutissant avec difficulté, il ne se rendait pas compte de ce qu'allait engendrer un enfant dans sa vie. Même s'il était aisé, il ne pourrait plus faire la fête comme avant. Il devra être attentif aux besoins de sa famille, l'entretenir et la rendre heureuse. Cette dernière était la plus grande des responsabilités. Prenant le temps de la regarder, les joues rouges lui aussi, il fronca doucement les sourcils pour ne pas l'effrayer. Et puis, il rouvrit sa bouche pour lui parler, lui faire prendre conscience qu'ils étaient deux, et qu'elle n'était pas seule.

« Dans toutes les décisions qu'on prendra, je serais toujours là.»

Préférant marquer une pause, et caresser sa main, il songea à son idée qu'il avait dans la tête depuis quelques temps. Le moment n'était pas du tout opportun, ou romantique pour qu'il puisse lui demander sa main.

« Je t'aime. Et même si rien ne se passe comme prévu, je t'aimerais toujours. Tu m'entends ..? Liberty, tu es la femme de ma vie, et j'ai l'impression d'être dans un de ces films débiles à l'eau de rose en disant ça. Mais c'est vrai. »

Un léger sourire se forma sur son visage et il essaya de décrypter son langage du corps. Mais pour la première fois dans sa vie, il n'y arrivait pas. Elle s'éloignait.

Emily et Richard formaient un couple heureux, même après la naissance de leurs jumelles. Pourtant, les choses changeaient au fur et à mesure du temps, ils se disputaient de plus en plus souvent. Pas parce qu'ils ne s'aimaient plus, mais juste parce que l'arrivée de leurs deux filles était une vraie source de stress, comme l'un comme pour l'autre. Liberty avait peur que cette naissance chamboule tout dans son couple, et elle n'avait aucune envie de perdre Aidan. Le risque était trop grand, et ça n'en valait peut-être pas la peine. Trop de questions sans réponse tourbillonnaient dans sa tête et elle ne savait plus trop quoi penser. Ces deux semaines à porter ce trop lourd secret lui avait complètement sapé le moral, mais elle n'avait pas l'intention de se laisse abattre aussi facilement. Absorbée par ses pensées, elle se reconcentra sur son petit ami.

« Je n'ai jamais douté de toi ou des capacités qui feraient de toi un bon père. Ce n'est vraiment pas toi que je remets en doute, ni notre couple, ni rien. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. D'avoir cet enfant, je veux dire. »

Dans la famille Reagan, tous les jeunes couples qui avaient fait "l'erreur" d'avoir un enfant trop tôt avaient fini par se séparer ou divorcer. Il était hors de question que leur relation se termine comme cela : ils s'aimaient beaucoup trop pour tout gâcher. Pourtant, d'un autre côté, Liberty n'était pas contre. C'était un enfant procrée dans l'amour, qui aurait deux parents formidables. Elle était certaine qu'il serait heureux.
Elle déclara dans une petite moue boudeuse.

« Mais, toi ... Tu le veux ? »

Elle marqua une pause de quelques secondes et reprit.

« Tu n'es pas obligé de me donner une réponse tout de suite hein, je comprendrais. Moi même je n'en sais rien, alors. »

Liberty n'aurait jamais cru avoir cette discussion aussi tôt. Elle était jeune, tout comme Aidan, un peu trop peut-être pour s'occuper d'un enfant correctement. L'amour et l'argent ne suffisent pas. Parce que oui, de l'amour il y en aurait. Et oui, il y avait de l'argent. Des deux côtés. Mais l'éducation est toute aussi importante. Le problème c'est que la jeune femme était loin d'être sûre d'elle et sa pire crainte était bien celle de ne pas être à la hauteur. Elle ne voulait surtout pas refaire les mêmes erreurs que ses parents. Elle prendrait ça pour un véritable échec.

Alors qu'elle effleurait le torse de son petit ami de sa main droite, elle éclata de rire.

« Un film débile à l'eau de rose ? Moi je trouve ça plutôt mignon. »

Un sourire illumina son visage angélique, et elle profita de ce court silence pour déposer ses lèvres sur celles d'Aidan.

» aidan d. & i wish i was a punk rocker